lundi 2 juin 2008

Touché par la grâce

En conduisant, j'écoutais Radio Nostalgie qui venait de gâter ses auditeurs du "Blueberry hill" de Louis Amstrong et elle est arrivée avec son corps gracile, son intelligence débordante s'immisçant dans la chanson : Barbara a chanté "L'aigle noir".
J'eus ce sentiment étrange que nous connaissons tous d'entendre une chanson qui nous berce depuis toujours pour la première fois. Certes, je connaissais le masque, l'allégorie relative à l'inceste et le rapace tournoyant lentement au dessus de sa proie n'avait pu m'échapper. Cependant, cette fois-ci, elle traversa le champ de la raison pour plonger dans le coeur, en plein coeur.

Je n'eus pas le réflexe égocentrique de ramener son histoire à la mienne. J'eus mal à Barbara, fus touché par sa grâce, sa retenue, sa silhouette, sa personne. J'eus le désir violent et impossible de par la force des évènements de connaître personnellement et aimer la chanteuse, d'approcher la diamant brisé ayant gardé son éclat (cette pierre précieuse même brisée conserve toujours sa pureté).

Je n'étais pas seul, mais accompagné d'un entourage ne pouvant comprendre ce genre de sentiment, aussi resta t-il dissimulé, latent et ce n'était pas désagréable. Ce soir, par curiosité, j'ai écouté un des cds de Barbaras que je possède et vu deux ou trois vidéos sur dailymotion, cette émotion ne m'a pas quitté, Barbara est entrée tout au fond de mon âme cet après-midi au volant d'une Xantia Pallas grise intérieur bois et ne partira plus, je le sais, le sens.

6 commentaires:

Lili Cactus a dit…

J'ai appris, il y a quelques semaines à peine, la signification de cette chanson de Barbara.
Si je n'ai jamais pu aimer sa voix, j'ai toujours aimé la femme et la poésie de l'artiste.
En l'occurence, poèsie au service de la douleur.

J'avais toujours réagi à ces paroles, sans en percer le véritable sens.
Je ne peux désormais entendre ces paroles sans frissonner...

Bon vent, Ludovic!

Gil a dit…

Je viens de lire ce texte et ne savais pas quoi faire. j'ai donc écouté un CD de Barbara.

Gil Mihaely

Ludo Lefebvre a dit…

Chère Lili.
Ce qui est sublime chez cette femme est son absence de rancoeur sans pour autant omettre. Elle demande à l'oiseau ensuite de l'emmener vers ses rêves d'enfant pour cueillir des étoiles donc de redevenir la simple petite fille aimée de son père et qui l'aime, elle n'oublie pas celui-ci, non plus... admirable et sans aucun doûte sincère de la part de Barbara. Et puis mettre du sublime de la poésie dans l'horreur contenu de ce titre, mais aussi dans "Nottingen" rejoint le génie nostalgique d'un violoniste haskénaze ou La Callas qui nous interprète le suicide par le chant. Il y a le détournement de la tristesse, la poésie, la beauté loin du morbide apitoiement.

C'est marrant votre "bon vent, Ludovic" me fait penser à Boringer qui m'a offert son livre il y a deux jours, il y a inscrit : "Ludo, mon pote, bonne route." Sublime Richard sur ce coup, non ?

Ludo Lefebvre a dit…

Cher Gil,
Vous avez dû savoir capter la douce résonance de Barbara, tout se passe dans la voix qui glisse le long de la mélodie, dans ce qu'elle contient, ne laisse pas sortir.
Si mes essais et les contributions dans votre délicieux salon : Le causeur sont volontairement bruts pour faire entrer à la masse mes idéologies, j'aime dans les poésies et les romans qui sont mon véritable travail d'écriture, ma seule ambition cette prose qui dissimule sans y parvenir par une prose légère le magma, le feu souterrain prêt à jaillir.
Votre contribution me touche particulièrement non par son contenu, mais par votre signature, la délicatesse que vous avez eu de faire un détour par ici et laisser un mot, merci.
Amitiés.

Lo a dit…

Blueberry Hill c'est de Fats Domino, pas de Louis Armstrong...

Ludo Lefebvre a dit…

Ce n'est en fait, ni de l'un, ni de l'autre, mais ils ont fait partie des multiples interprètes de ce standard qui aura mis bien du temps à se populariser. La version que j'ai entendue ce jour là était bien de Louis Armstrong, j'en suis certain. Je suis allé vérifier sur le net n'étant pas grand amateur de chansons. Le blueberry hill enregistré par Armstrong est de 1949, celui de Domino de 1956. C'est bien de vérifier srupuleusement les dires des autres, LO, rien à dire, mais autant être sûr de son coup. Sans rancune ?