lundi 11 février 2008

Un honnête homme

Je ne peux m'empêcher de mettre sur le blog la synthèse, la fiche de lecture de Frédéric Valandré à propos de mon livre tant j'ai trouvé son travail précis, impartial et bien rendu :

10 février 2008

Outreau : on ne savait pas tout

Quatre frères violés par leurs parents et par un couple de voisins, treize personnes (hommes et femmes) accusés d'appartenir à un réseau pédophile avant d'être blanchis par la justice des hommes, un autre décédé en prison : telles sont les victimes connues de l'affaire d'Outreau, qui a fait couler tant d'encre ces dernières années. Oui, mais... ce qu'on ignorait, c'est que ladite affaire a fait une autre victime : Ludovic Lefebvre, l'auteur du présent ouvrage, qui fut la cible de violences sexuelles durant son adolescence.

L'Oublié d'Outreau est un récit autobiographique, qui entend relater "un parcours sinueux, obscur ou oscille espoir et désespoir, amour et haine, pureté et perversité, recherche d'identité, quête de bonheur" (p. 11). Issu d'un milieu modeste, né de père inconnu, Ludovic Lefebvre est élevé par sa grand-mère et le concubin de celle-ci dans la région Nord-Pas-de-Calais. A l'âge de 15 ans, l'auteur est mis sous tutelle chez son médécin de famille, le docteur Michel Q. Un notable, médécin auprès de la commission des permis de conduire, président d'un club huppé, le club "des 41". Un personnage que l'adolescent trouve fort sympathique, du moins au début... Très vite, il découvre que le bon docteur, "le soigneur, le confident, celui qui réconforte, celui qui redonne confiance" (p. 55) est un pervers de la pire espèce, " rougeaud, violent, violeur, obsedé, casseur de personnalité, adorateur d'adolescent viril, alcoolique et pédéraste honteux, bien caché" (Ibid.). A ce propos, il est difficile de rester indifférent en lisant le récit, terrible, du premier viol subi par Ludovic Lefebvre (pages 50 et suivantes). Dans ce cauchemar, c'est paradoxalement Martine Q., épouse et complice du médécin pédophile, qui fera office de "bouée de secours"; "mon unique moyen à l'époque de garder ma virilité naturelle, de ne pas me sentir encore un peu plus lopette, misérable, de vivre avec l'humiliation" précise l'auteur (p. 64). Les années qui suivront seront celles de la descente aux enfers pour Ludovic Lefebvre : alcool, tranquilisants, drogues en tous genre, vols, bagarres... Douze ans d'autodestruction interrompus parfois par des trèves, des lueurs d'espoir, avant de replonger à nouveau. Soyons clairs : ça fait froid dans le dos !

Fin 1995/ début 1996 : l'auteur décide de porter plainte contre son bourreau. De prime abord, le "pédéraste honteux" semble bien parti pour se diriger vers la case "prison" : le dossier de Ludovic Lefebvre est solide, et le médécin n'hésitera pas à insulter et à menacer de mort la juge qui instruit l'affaire (p. 160). Pour compléter un tableau déjà édifiant, le docteur Q. a violé un autre adolescent (p. 139-141) et tué deux femmes et blessé grièvement une troisième alors qu'il conduisait en état d'ivresse (p. 141-142) Dans cette dernière affaire, il insultera encore copieusement le magistrat instructeur, Fabrice Burgaud lui même. Visiblement, si cet homme est bien placé dans la hiérarchie sociale, il l'est également dans la hiérarchie de la saloperie, si jamais elle existe.

Mais pour Ludovic Lefebvre, justice ne sera pas rendue. Quant il contacte son avocate pour le dépot de plainte, celle-ci confie ladite plainte à un confrère... qui connait le docteur Q. Résultat : la plainte est déposée avec un an et demi de retard, alors que le délai de prescription est dépassé depuis deux mois, ce qui oblige l'auteur à redéposer plainte en 1999. En 2004, lorsque la juge d'instruction décide de renvoyer le médecin violeur aux assises, le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer fait appel, car il ne considère pas un ancien drogué tel Ludovic Lefebvre comme une victime crédible (les spécialistes de l'affaire d'Outreau reconnaitront sans peine ledit procureur, Gerald L.). Enfin, le retentissement de l'affaire d'Outreau, qui verra des accusés roulés dans la fange par les médias avant que ceux-ci n'effectuent un virage à 180° en les sacrant archanges, contribuera à placer sous le boisseau l'affaire de Ludovic Lefebvre. L'auteur frappe à de nombreuses portes pour faire connaître son histoire : journalistes (comme Florence Aubenas), avocats (dont Me Dupont-Moretti, un des médiatiques avocats de la défense dans les procès d'Outreau), associations (France-Justice). Sans grand succès. A ce jour, si Ludovic Lefebvre a touché une indemnité de 20 000 euros de la Justice, et si on a officiellement reconnu qu'il a été violé durant son adolescence, son bourreau n'est jamais passé en jugement, prescription oblige.

L'auteur pense que ce cher médecin qui a pignon sur rue a bénéficié d'une "justice de classe". Cela signifierait que dans un cas (l'affaire d'Outreau) on a considéré de prétendus "notables" comme des coupables en puissance ( quels notables ? L'un des accusés, Pierre Martel, que l'auteur connaissait bien d'ailleurs et qu'il a toujours soutenu, était chauffeur de taxi !) et dans le second cas (l'affaire Lefebvre) on aurait décrété qu'un notable est forcément non coupable. Ceci dit, Ludovic Lefebvre n'attaque pas l'institution judiciaire dans son ensemble, et rend hommage à ceux et celles qui ont tout fait pour que son affaire aboutisse (p. 237-238).

Dire que j'ai lu ce livre avec plaisir serait mentir : le récit qu'il relate m'a inspiré autant de dégout que de révolte. Mais c'est une lecture captivante (il m'a fallu moins d'un après-midi pour le lire), et salutaire. L'Oublié d'Outreau m'a conforté dans mon opinion : à force de répéter " Mieux vaut un coupable en liberté qu'un innocent en prison", on risque d'oublier que les deux cas de figure sont aussi graves l'un que l'autre, quoi qu'on en dise.

Frédéric Valandré.


http://chatborgne.canalblog.com/archives/2008/02/10/7901250.html#comments

jeudi 7 février 2008

Courrier du cabinet du président de la République


Cher Monsieur,

Le Président de la République m'a confié le soin de répondre au courrier que vous lui avez adressé le 30 janvier 2008.

Je puis vous assurer qu'il a été pris attentivement connaissance de vos préoccupations avant de les signaler à Madame le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et au Préfet de la région Lorraine, Préfet de la Moselle.

Avec mes sentiments distingués.

Le Chef de Cabinet

Cédric GOUBET

samedi 2 février 2008

L'égo et la fonction

Les lois sont souvent scrupuleuses, intelligentes et les institutions sont globalement efficaces, ont un soucis de justice. Seuls quelques magistrats sont malhonnêtes, incompétents, corporatistes, voire malades parfois. Le grave soucis est qu'ils sont quasiment intouchables, qu'ils peuvent continuer dans la mauvaise justice en toute quiétude !

C'est donc la personne qui doit être mise en cause et non la fonction vénérable, on ne peut plus utile qu'est celle de juge ou de procureur !

Il y a plusieurs ennemis de la justice, les criminels et délinquants avant tout, mais aussi les pseudo- rebelles progressistes qui n'ont pas compris que notre liberté dépend de règles à suivre et n'ont de cesse de dénigrer le magistrat ou le policier, les quelques avocats plus soucieux de leur porte-feuilles que de la vérité, les quelques notables qui pensent que la loi n'est pas faite pour leur estrade en carton et enfin ceux qui déposent plainte pour un oui pour un non comme les parents qui délèguent leur rôle éducatif, les susceptibles communautaristes, les associations racketteuses, les gens connus qui se paient des vacances en attaquant la presse etc. Si les tribunaux n'étaient pas encombrés par ce fatras de broutilles, il y aurait la disponibilité pour l'important : le bien-être de la cité.

La justice et la police ne sont pas mes ennemis, Gérald Lesigne, le président de la cour d'appel de Douai, maîtres Pêtre-Renaud, Derouet, Pouille-Deldique, les journalistes comme Aubenas qui ont scénarisé l'affaire d'Outreau en gommant tout autour et les quelques politiciens qui ont eu un soucis électoral le sont. Par ailleurs, le riche n'est pas un salaud par définition, ce fut le cas dans mon affaire, je n'entre pas dans une lutte des classes pour autant, déjà je deviendrai riche un jour donc je ne me dénigre pas par anticipation et ensuite, il me fut amené à cotoyer des gens agréables dans toutes les couches socio-professionnelles.

Défendre les institutions tout en confrontant les indélicats, tel est le défi, ne confondons jamais l'égo et la fonction.